Selon le site Eclipsophile de Jay Anderson, les images satellites ci-dessous montrent la couverture nuageuse moyenne au mois d'août.
On peut noter quelques défis météorologiques au Maroc, en Algérie et en Tunisie, mais comme la plus grande partie de la trajectoire de l’éclipse frôle le côté nord du désert du Sahara, la climatologie le long de l'éclipse est liée à cette vaste mer de sable. Il y fait chaud, c’est sec, ensoleillé et poussiéreux.

Certaines parties de la trajectoire de l’éclipse — au-dessus de la Libye et de l’Égypte occidentale — n’ont connu aucun nuage au mois d’août au cours des 23 dernières années. Et même si l’Espagne et le nord-ouest de l’Afrique connaissent leurs journées nuageuses, ce n’est pas courant et les chances d’un ciel dégagé le jour de l’éclipse sont très bonnes.
La plupart de ces bonnes conditions proviennent de l’anticyclone des Açores (ou des Bermudes) qui se situe dans l’Atlantique central, à l’ouest du détroit de Gibraltar en plein été. Cet anticyclone établit une crête de pression qui s’étend à travers le nord de l’Espagne avec une extension vers le sud, jusque dans la Méditerranée centrale près de la Tunisie. Une dépression thermique stationnaire s’installe chaque été dans le nord du Mali, près de la frontière algérienne, tandis qu’une deuxième (et bien plus forte) dépression thermique se trouve plus à l’est, au-dessus du désert d’Arabie. Ces deux systèmes influencent le flux de vent et la formation de tempêtes de poussière, mais ont peu d’effet sur la nébulosité.
Du Maroc à la Tunisie, les perturbations atmosphériques suivent largement le vent. Le courant subtropical d’altitude traverse généralement l’Espagne du Nord en plein été et les perturbations qui suivent ce flux atteignent rarement la partie africaine de la trajectoire de l’éclipse. Ce sont des systèmes qui apportent de larges nappes nuageuses, étouffant la trajectoire de l’éclipse et annulant toute chance de voir le Soleil. Heureusement, ils sont rares en août et n’affectent que l’extrémité occidentale du parcours.
Un léger jet stream vient du sud-ouest, longe le Maroc et l’Algérie et transporte des perturbations depuis les régions équatoriales tropicales en direction du nord, particulièrement lorsqu’il traverse les montagnes de l’Atlas. Les orages nécessitent de la chaleur et se forment donc l’après-midi, une fois que l’ombre lunaire est passée. Leur influence sur la visibilité de l’éclipse est donc limitée, car ils sont généralement composés de nuages de niveau moyen en début de matinée.
D’autres systèmes météorologiques secondaires peuvent influencer l’observation, mais de manière plus régionale. L’un d’eux est l’Atlas Low, qui part du sud des montagnes de l’Atlas, dans le nord-est de l’Algérie, et se déplace vers l’est. Ce n’est pas un producteur de nuages, mais il peut générer des tempêtes de poussière. Plus rarement, de petits systèmes venus de l’Atlantique atteignent la côte marocaine ou la côte méditerranéenne de l’Algérie, mais leur couverture nuageuse reste généralement limitée aux régions proches du littoral.
En Libye et en Égypte, les nuages sont presque inexistants pendant les mois d’été et ce n’est qu’à l’approche de Louxor que la fraction nuageuse commence à dépasser zéro. Après que l’ombre de la Lune a quitté le continent africain pour la péninsule Arabique, les perspectives d’ensoleillement commencent à faiblir, mais même là, il existe ded endroits de ciel parfaitement dégagéd qui tenteront les chasseurs d’éclipses les plus exigeants, notamment le long de la côte de la mer Rouge.
MAROC, ESPAGNE, GIBRALTAR, ALGERIE et TUNISIE
Carte agrandie de la nébulosité moyenne le long de la trajectoire de l’éclipse en Espagne et Afrique de l’Ouest, ainsi que le graphique des fractions de nuages le long de la ligne centrale et des limites nord et sud.


Les données sont plutôt encourageantes. La couverture nuageuse est plus élevée au-dessus de l’eau, La nébulosité est la plus faible là où le désert du Sahara exerce sa plus grande influence, près de la limite sud en Tunisie.
Le relief élevé a une influence mineure.

Il porte parfois un « capuchon » nuageux le matin, mais celui-ci reste très atténué jusqu’à ce que les températures diurnes montent et que la convection commence. Dans les heures matinales, la couverture nuageuse moyenne n’augmente que d’environ 4 % entre la rivière Moulouya et Oudja, lorsque la limite sud traverse le Rif ; sur la ligne centrale, on observe une hausse de 8 % au-dessus des monts Aurès, dans l’est de l’Algérie.
Comme ces graphiques proviennent de passages satellites en milieu ou fin de matinée, ils sont réalisés après le passage de l’ombre et ne parviennent donc pas à saisir l’influence de certains nuages matinaux qui hantent les régions côtières avant le premier contact. Les prochaines sections traiteront de cette nébulosité.
MAROC, à l'ouest des montagnes de l'ATLAS
Les températures océaniques jouent un rôle majeur dans la formation des nuages le long de la côte atlantique du Maroc et de l’Espagne. Le courant des Canaries, plus frais, sature l’air au-dessus de la mer, formant une nébulosité éparse de basse altitude et un brouillard côtier qui s’infiltrent à l’intérieur des terres pendant la nuit. En même temps, les températures nocturnes refroidissent l’air des basses terres, donnant naissance à des bancs de brouillard qui peuvent se former en petites nappes ou en vastes étendues couvrant de larges parties du paysage, se transformant souvent vers le matin en une couche de stratus.
Bien que le stratus marin ne pénètre généralement que sur une courte distance à l’intérieur des terres, il fusionne parfois avec le stratus formé sur la terre ferme et s’étend alors en grandes nappes de nuages peu épais qui peuvent recouvrir la moitié sud de la trajectoire de l’éclipse sur 100 km vers l’intérieur. Ce phénomène est le plus probable près des villes côtières d’Asilah, Larache et Souk el Arbaa, où le relief s’élève doucement depuis la côte. Parfois, le stratus recouvre le paysage presque jusqu’à Ouazzane, au pied des montagnes de l’Atlas.
Tanger n’est pas à l’abri des nuages marins, mais comme la ville est nichée à une petite distance du détroit de Gibraltar, le stratus a tendance à rester du côté ouest de la péninsule de Tanger où une élévation de 300 m dans les terres (Cap Spartel) freine son intrusion dans la ville. Ce n’est pas une protection complète, car le stratus a une épaisseur d’environ un kilomètre et peut se faufiler sur la côte dans le détroit. En de rares occasions, le stratus qui s’accumule du côté est de la péninsule de Tanger près de Ceuta franchit les montagnes du Rif, hautes de 1 000 m, qui séparent les deux villes, mais c’est très inhabituel. Malgré les barrières montagneuses, le lever du soleil à Tanger a souvent un caractère brumeux et, rarement, un vilain nuage persiste et ne disparaît pas à temps pour une éclipse.
Le jour de l’éclipse, la plus grande incertitude sera « à quelle vitesse le stratus se dissipera-t-il après le lever du soleil », car l’éclipse atteint son maximum vers 9 h 44 heure locale. Pour Tanger, le stratus est « très probable », mais pour d’autres sites le long de la côte, ce n’est pas du tout certain. Un site d’observation sur les plages ouest de Tanger, à Asilah ou Larache, pourrait rester dans la couche de nuage bien après la totalité, car l’océan frais voisin rend le réchauffement solaire moins efficace. Plus à l’intérieur des terres, le brouillard/stratus se dissipe plus rapidement et a probablement disparu avant le deuxième contact. À une courte distance à l’intérieur, le problème se résout souvent sauf si le nuage bas est particulièrement étendu.
Une autre complication est de savoir si le refroidissement associé à l’éclipse entraînera la reformation du brouillard. Cela s’est produit le long de la côte de Basse-Californie en 1991, et je pense que la réponse ici est aussi « oui » si le nuage ne s’est pas dissipé avant le milieu de l’intervalle entre le premier et le deuxième contact.
Pour mieux comprendre ce problème, Jay Anderson a examiné des images satellites géostationnaires de 2024 et 2025 pour plusieurs sites d’observation le long de la trajectoire de l’éclipse de Tanger à Sfax et il a sélectionné des jours où l’éclipse aurait été visible. Les données ont été recueillies pour des dates comprises entre le 12 juillet et le 18 août au cours des deux années, aussi près que possible du deuxième contact. La résolution des images satellites est d’environ 1 km et n’a pas toujours permis de conclure si l’éclipse serait visible, en raison d’un nuage souvent patchy ou semi-transparent. Dans certains cas, Jay Anderson a examiné des webcams des sites pour mieux évaluer la couverture nuageuse au moment de l’éclipse.
Le graphique ci-dessous montre le potentiel de visibilité de l'éclipse entre les villes de Tanger et Sfax.

À certains endroits, le stratus marin posait souvent problème. À Tanger, les sites d’observation de l’éclipse situés au centre ou à l’est de la ville risquent davantage de subir une brume matinale persistante. En particulier, les plages autour de la baie de Tanger qui sont très attractives comme site d’observation. Si vous souhaitez observer depuis le sud du Maroc, il est probablement préférable d’aller à au moins 70 km à l’intérieur des terres, vers Ouezzane, car la plaine autour de Souk el Arbaa est une porte d’entrée pour le stratus marin.
Espagne, de Cadix à Tarifa
La côte atlantique de l’Espagne est visitée par la même couverture nuageuse marine qui affecte l’Atlantique marocain. Le schéma est similaire : une menace de nuages matinaux et de brouillard sur la côte, mais un ciel généralement clair à l’intérieur des terres. La couverture nuageuse de l’océan Atlantique ne pénètre généralement pas dans le détroit de Gibraltar au-delà de Tarifa, de sorte que Marbella et d’autres sites le long de la côte d’Alboran s’en sortent particulièrement bien.
Cadix, près de la limite nord, connaît une fréquence plus faible de nuages marins (mais davantage de nuages de haute altitude) que les sites espagnols plus au sud, comme Barbate, Atlanterra et Tarifa. La ville a enregistré une fréquence de 88 % de jours ensoleillés, tandis que les trois autres sites affichaient une moyenne moins prometteuse de 74 %. Le meilleur conseil que l’on puisse donner sur cette côte est de se diriger vers l’intérieur des terres, car les nuages océaniques sont bloqués par le terrain accidenté le long du littoral. Selon les satellites, les sites espagnols de l’intérieur sont d’excellents sites d’éclipse, avec des quantités moyennes de nuages qui tombent en dessous de 15 %.
Gibraltar
Gibraltar est un cas particulier. La petite péninsule possède une escarpement abrupt de 300–400 mètres qui fait face à l’horizon est et une pente plus douce qui descend au niveau de la mer à l’ouest. Le terrain s’aplatit vers le sud (le point Europa), offrant une vue dégagée vers le lever du soleil le jour de l’éclipse. Le terrain est une bénédiction mitigée : il intercepte un flux d’est et permet aux stratus marins de s’accumuler contre la côte, mais offre également de vastes panoramas pour une fête de l’éclipse.
Le vent est un élément important du climat dans le détroit, soufflant presque exclusivement soit de l’est (Levante), soit de l’ouest (Poniente) à travers la mer d’Alboran. Le Levante a tendance à être plus persistant, soufflant parfois sans interruption pendant des jours, voire des semaines, particulièrement en été. Ces deux vents font du détroit et du golfe de Cadix des endroits de choix pour le kitesurf et le windsurf.
Les eaux de la mer d’Alboran et du détroit de Gibraltar sont plus troubles que partout ailleurs le long de la côte ouest. Alimentées par les courants atlantiques entrants, les eaux superficielles fraîches de la mer d’Alboran créent une inversion stable, basée sur la température de surface.
L'inversion de température désigne un phénomène météorologique lors duquel une couche d'air chaud surplombe l'air froid dans une couche donnée de l'atmosphère. L’air sous l’inversion tourne (mais pas toujours) en brouillard, stratus et brume lorsqu’il est refroidi par le bas. Cette couverture nuageuse de surface est épaisse le matin et le soir, mais elle n’a généralement qu’un kilomètre de profondeur et a du mal à pénétrer à l’intérieur des terres le long d’une côte rocheuse. Elle se dissipe également rapidement dans la matinée. Le brouillard matinal donne aux levers de soleil de Gibraltar un caractère brumeux, mais ils sont souvent transparents une fois que le soleil a eu une heure ou deux pour les dissiper, bien que certaines parties puissent persister sous une forme ou une autre pendant l’éclipse.
Les webcams de Gibraltar révèlent que le stratus qui impacte la péninsule est généralement morcelé et qu’un observateur d’éclipse hypothétique pourrait souvent trouver un endroit plus dégagé pour observer le Soleil à proximité, ou accepter une vue moins parfaite.
Les données donnent à Gibraltar 74 % de chances d’un ciel dégagé, mais c’est trop pessimiste pour un observateur mobile, car cela reflète uniquement la présence de nuages quelque part sur la péninsule et pas nécessairement sur toute sa surface. La résolution des images satellites est trop faible pour localiser précisément l’endroit où se trouve la couche nuageuse sur la péninsule, d’autant que sa position varie d’un jour à l’autre ; on peut toutefois raisonnablement penser que les banlieues plus plates au sud sont plus susceptibles de voir l’éclipse.
Le Levante est également responsable d’un flux nuageux continu qui s’échappe fréquemment des pentes supérieures du Rocher de Gibraltar (426 m) lorsque le vent souffle entre 15 et 40 km/h. La taille et la persistance de ce nuage emblématique dépendent de la force du vent, de la quantité et de la profondeur de l’humidité, ainsi que de la stabilité de l’air, et peuvent prendre de nombreuses formes, le tout suspendu au-dessus du pic. Comme cette « bannière » est stationnaire, il est facile de l’éviter, car elle se situe du côté nord du territoire, près de l’aéroport.
Les photographes d’éclipse cherchant une image incluant la « bannière » doivent prêter une attention particulière aux prévisions de vent et se positionner sur le côté du pic avec une vue sur le Soleil. L’éclipse se situe dans une direction est (95°) à une altitude relativement basse (38°) depuis Gibraltar. La bannière nuageuse est la plus visible depuis l’aéroport, qui est une zone restreinte, et sera difficile à capturer depuis un autre site terrestre. Une composition depuis la mer pourrait fonctionner.
Le Poniente est un vent d’ouest ou de nord-ouest qui apporte une bonne visibilité en été — assez pour voir la côte d’Afrique depuis Tarifa. Il est moins fréquent que le Levante et généralement un peu plus faible. En dehors du détroit, à Cadix, le Poniente est un flux frais et humide qui modère les hautes températures estivales.
Données climatiques pour certaines villes d’Espagne, de Gibraltar et du Maroc :

Les statistiques d’ensoleillement pour les sites en Espagne et au Maroc sont moins favorables que ne le laisseraient penser les observations satellites, mais cela reflète les après-midis lorsque les nuages sont généralement plus nombreux. La faible quantité de pluie relevée dans les données traduit probablement l’impact des fronts froids qui atteignent la trajectoire. À Oujda, c’est probablement dû aux orages dans le massif de l’Atlas.
La côte marocaine de l’Alboran
L’extrémité occidentale de la mer d’Alboran est contrainte par la Sierra de las Nieves du côté espagnol et par les montagnes du Rif au Maroc, au sud, ce qui provoque un resserrement des vents dans le détroit. Alors que le relief de la côte espagnole a peu d’influence sur la couverture nuageuse (sauf à Gibraltar), celui du côté marocain est beaucoup plus imposant.
Les flux d’est sont concentrés par la forme de la côte marocaine, qui présente une forme en cuvette ou en bassin (comme un gant de base-ball), emprisonnant les vents de mer. Les nuages de type stratus et les rares systèmes météorologiques qui se déplacent au-dessus de la mer d’Alboran s’accumulent contre cette côte, plaquant les nuages contre les montagnes du Rif. La couverture nuageuse est plus persistante que les stratus marins le long de l’Atlantique, car les montagnes du Rif contribuent aussi à soulever l’air, ajoutant un second mécanisme de formation des nuages. Ceuta est moins affectée par cette nébulosité piégée que les sites plus au sud, entre Tétouan et El Jebha ; cette côte devrait être évitée lors d’une journée d’éclipse. Très occasionnellement, la couverture nuageuse le long de la côte de Ceuta est suffisamment épaisse pour franchir les montagnes du Rif (1 000 m) et atteindre Tanger.
Plus loin le long de la côte, vers Al Hoceïma et Melilla, le stratus est également un visiteur quotidien fréquent, bien qu’il se dissipe un peu plus facilement. Néanmoins, les analyses suggèrent que la côte méditerranéenne du Maroc est un endroit délicat pour attendre une éclipse, surtout qu’un léger déplacement à l’intérieur des terres offrirait un ciel bien meilleur. Les mesures d’ensoleillement à Melilla atteignent en moyenne seulement 61 % du maximum possible, bien en dessous des 75 à 80 % observés en de nombreux autres points de la trajectoire.
ALGERIE et TUNISIE
Le climat de l’Algérie est fortement influencé par la topographie, en particulier par la chaîne du Tell Atlas qui s’étend parallèlement à la côte méditerranéenne. Au sud de ces montagnes côtières se trouve un haut plateau, les Hautes Plaines, dont l’altitude varie de 400 m à l’est à plus de 1 000 m à l’ouest. Plus à l’intérieur des terres se dresse une deuxième chaîne de montagnes parallèle, la chaîne de l’Atlas saharien, plus élevée que le Tell Atlas et marquant la limite nord du désert du Sahara. La chaîne côtière crée de la pluviométrie sur son flanc sud, bloquant l’humidité qui arrive avec les vents d’ouest et du nord, empêchant ainsi son passage vers le plateau et le Sahara.
Les Hautes Plaines, bien que suffisamment sèches pour être décrites comme faisant partie du Sahara, abritent de nombreux lacs salés et sebkhas qui peuvent servir de foyers aux tempêtes locales de poussière.
Le désert du Sahara lui-même (les Ergs) se situe au sud de la chaîne de l’Atlas saharien et empiète sur la trajectoire de l’éclipse seulement dans le sud-est de l’Algérie et le sud de la Tunisie.
La limite nord de la bande d’éclipse suit généralement la plaine côtière (Tell) jusqu’à Alger, après quoi elle rencontre l’Atlas tellien puis les monts Tébessa le long de la frontière tunisienne. La ligne centrale traverse toutes les régions — le Tell, l’Atlas tellien, le Haut Plateau et les monts Aurès ; la limite sud traverse les Hautes Plaines et le Sahara jusqu’en Tunisie. Malgré ce relief accidenté et varié, la nébulosité matinale est très faible et la météo pour l’éclipse prometteuse peut être observée dans la plupart des sites.
L’impact relativement mineur sur la nébulosité de ces trois régions peut être déduit des images précédentes. On remarque notamment que le Tell et la proximité de la Méditerranée donnent à la limite nord une nébulosité moyenne plus élevée que celle des hautes plaines ou du désert, comme on pouvait s’y attendre. Un autre impact du relief est visible au-dessus des monts Aurès sur la ligne centrale, suffisamment élevés pour générer leur propre couverture nuageuse, bien qu’elle n’augmente que d’environ 8 % par rapport au terrain environnant. Il s’agit de statistiques matinales : l’après-midi, lorsque la convection commence à se développer, la bande d’éclipse est beaucoup plus nuageuse.
Image satellite Suomi montrant des panaches de poussière au-dessus de la bande d’éclipse. Image : NOAA.

Comme au Maroc et en Espagne, le vent est un élément majeur du climat nord-africain, en particulier pour son rôle dans les tempêtes de poussière et de sable. Parmi les différents types, on trouve le sirocco, un vent du sud ou sud-est précédant un système dépressionnaire venant de l’ouest. En tant que vent du sud, il porte de nombreux noms le long de la bande d’éclipse — ghibli, khamsin, harmattan, chibli, haboob et simoom — bien que tous ne soient pas nés des mêmes conditions. En Algérie et en Tunisie, le sirocco apporte de l’air chaud et sec depuis le Sahara ; après avoir traversé la Méditerranée et atteint l’Europe, il devient plus humide.
Le climat désertique de la majeure partie de la bande d’éclipse rend la météo estivale propice, mais sur certaines parties du parcours, la proximité de la Méditerranée et son apport régulier d’humidité favorisent des étés plus humides à l’intérieur des terres. De temps à autre, des fronts froids venant de la Méditerranée peuvent provoquer des journées pluvieuses lorsqu’ils se heurtent à la chaîne de l’Atlas tellien et contribuent en grande partie aux précipitations de Constantine et d’Alger indiquées dans le tableau. Les orages sont fréquents au-dessus des montagnes et responsables de la faible quantité de précipitations à l’intérieur, comme à Djelfa et Ouargla (bien que seulement une fois tous les dix ans).

En Tunisie, toute la zone de l’ombre est sur la terre ferme lorsqu’elle descend des montagnes de Tébessa vers un terrain plus doux le long de la côte méditerranéenne. Sur la ligne centrale, les montagnes des Aurès en Algérie augmentent la nébulosité de quelques pourcents, mais les montagnes de Tébessa ont presque aucune capacité de formation de nuages. La limite nord, traversant un paysage plus accidenté, présente environ 10 % de nuages en plus que les autres trajectoires. Au-delà des hauteurs montagneuses, la couverture nuageuse chute brutalement lorsqu’on atteint l’influence de la côte méditerranéenne et du Sahara. Cette topographie favorable donne à Sfax et à la région au sud de celle-ci la plus faible quantité moyenne de nuages le long de la partie occidentale de la trajectoire.
Poussière et Tempêtes de sable
On ne peut pas avoir une éclipse le long et au-dessus du plus grand désert du monde sans devoir composer avec la poussière et les tempêtes de sable.

Cette carte montre la moyenne sur 10 ans de la profondeur optique des aérosols (AOD) en août au-dessus de l’Afrique du Nord, une mesure de l’extinction de la lumière par la poussière et le brouillard. Une partie de cette brume, en particulier en Espagne, est due à la fumée des feux de forêt, mais le long de la trajectoire de l’éclipse, elle est principalement due à la poussière en suspension. Une AOD de 0,4 correspondrait à une atmosphère brumeuse ; aux États-Unis, la valeur moyenne se situe entre 0,1 et 0,15. Une valeur de 1,0 masquerait le Soleil. Le long de la ligne centrale, l’AOD moyenne en août atteint environ 0,3 jusqu’à ce que la trajectoire passe par Louxor. Les valeurs les plus basses se trouvent près de Sfax et Tanger.
Du point de vue des satellites, la plupart des panaches de poussière en haute altitude sont semi-transparents et apparaissent probablement de la même façon depuis le sol. Cela permet une vue terne mais quand même réussie de l’éclipse. Pour obtenir une véritable tempête de poussière opaque, avec beaucoup de sable au niveau du sol, il faut être proche de la zone source. Le long de la trajectoire, ces sources se trouvent le plus souvent sur le haut plateau d’Algérie, entre la chaîne de l’Atlas tellien et celle de l’Atlas saharien, et partout dans le désert du Sahara. La principale menace en Espagne et à Tanger est un voile poussiéreux couvrant tout le ciel, provenant de la poussière venant du nord des bassins désertiques du Mali et de la Mauritanie.
Sur l’Espagne et le Maroc, l’AOD moyen varie de 0,12 à la limite nord en Espagne à entre 0,20 et 0,30 au Maroc, avec des valeurs plus élevées vers la frontière algérienne. L’Algérie présente un écart considérable, de 0,20 près d’Oran à 0,41 près de la limite sud entre Biskra et Gafsa. La Tunisie a une plage similaire avec les valeurs les plus basses près de Sfax.
La poussière est strictement fonction de la vitesse et de la direction du vent, et il est donc possible de la prévoir. Vous pouvez obtenir des prévisions sur 72 heures de la profondeur optique des aérosols et d’autres produits auprès du Barcelona Regional Dust Center ou de Meteoblue.com. Parmi les services proposés au centre de Barcelone, il y a un produit appelé « Extinction », qui est une mesure de la visibilité horizontale à la surface. Cela peut ne pas être aussi utile que l’AOD, puisque l’éclipse n’est pas observée près du sol, mais cela peut donner une meilleure idée de l’intensité de bas niveau d’une tempête de poussière. Il existe plusieurs autres produits au centre de Barcelone qui vous permettront d’explorer plus en détail la menace de poussière, mais un déplacement local pour éviter un panache en altitude provenant du Sahara profond a peu de chances de réussir, puisque le voile de poussière tend à couvrir une vaste zone.
LIBYE et EGYPTE
De Benghazi à la mer Rouge à Berenice Troglodytica, la trajectoire de l’éclipse traverse les déserts libyen et égyptien pendant l’un des mois les plus chauds de l’année.

C’est une région fascinante dotée d’une infrastructure touristique bien développée. Pour le chasseur d’éclipses, la couverture nuageuse — ou l’absence de nuages — ne peut guère être meilleure.
La carte de la couverture nuageuse moyenne en août et le graphique donnent plus de détails sur la nébulosité mesurée par satellite le long de la ligne centrale. Bien que cela ne soit pas évident, la région allant de Louxor vers le sud-est commence à ressentir l’impact du virage de la trajectoire de l’éclipse vers le sud, dans des climats plus humides. À Louxor, la principale « menace » provient de cirrus transparents qui affecteront surtout les images de la couronne solaire profonde. Très occasionnellement, de petits cumulus se forment ici et là, mais ceux-ci devraient rapidement se dissiper grâce à la forte baisse de température qui accompagnera l’ombre approchante.
De la brume matinale peu épaisse, nocturne et fréquente apparait dans la zone entre Marsa Matruh et l’oasis de Siwa, mais elle se dissipera bien avant l’arrivée de l’ombre de l’éclipse.

La poussière n’est qu’un problème occasionnel à Louxor, même si la concentration d’AOD (épaisseur optique des aérosols) commence à augmenter non loin de là. Bien qu’il y ait souvent eu de fortes concentrations de poussière au sud-est de l’Égypte dans les images satellites, les tempêtes se retiraient généralement avant d’atteindre la ville. Étant donné la proximité de Louxor avec les déserts d’Arabie et le Sahara, il n’est pas rare que même de fortes tempêtes de poussière passent de temps à autre, mais le mois d’août semble épargné par le pire d’entre elles.

Température
La température passe souvent au second plan par rapport à la couverture nuageuse lorsqu’on évalue un site d’éclipse, mais pour cette éclipse, vous et votre équipement devrez être préparés à des après-midis pouvant atteindre le milieu des 40 °C et même approcher 50 °C. En Égypte, à Louxor, la température maximale moyenne le 2 août au cours des 17 dernières années a été de 42,0 °C, avec très peu de variations d’une année à l’autre. La température la plus élevée a été de 46 °C.
Les appareils photo modernes avertissent généralement en cas de températures excessives — généralement autour de 45 °C — à l’intérieur du boîtier, et peuvent s’éteindre, surtout lors du tournage vidéo. Canon avertit que des températures très élevées (et votre appareil sera plus chaud que l’air ambiant) peuvent dégrader la qualité des images fixes et suggère plusieurs moyens d’atténuer cet effet. Vous pouvez trouver plusieurs discussions de ce problème en ligne, mais un simple chiffon blanc humide à placer sur votre appareil peut être votre meilleur allié. Consultez les 3 tableaux de cet article et préparez-vous aux températures prévues. En tout cas, une chute brutale de la température sera perceptible à peu près à mi-chemin entre le premier et le deuxième contact, et le problème disparaîtra probablement.
La péninsule Arabique et au-delà
Au-delà de l’Égypte, la couverture nuageuse et la poussière commencent à augmenter. Notamment, on observe une hausse de plus de 40 % de la nébulosité moyenne entre Berenice Troglodytica et Djeddah, de part et d’autre de la mer Rouge. Une partie de cette augmentation de nuages au-dessus de la mer Rouge est probablement due aux algorithmes de détection des nuages utilisés pour convertir les mesures de radiance en couverture nuageuse, puisque les contours nuageux suivent de près la mer Rouge, mais l’examen des images satellites montre qu’une grande part est bien réelle. Une fois que la trajectoire de l’ombre atteint l’Arabie saoudite, les nuages augmentent plus rapidement, mais cela se produit surtout au-dessus des montagnes du Hijaz. La plaine de Tihamah, qui s’étend le long de la côte, ne subit pas l’effet des montagnes et reste ensoleillée, avec une couverture nuageuse moyenne en août d’un peu plus de 10 %. C’est une petite zone, et la plupart des sites saoudiens et yéménites voient leurs pourcentages d’ensoleillement chuter dans les 60 %. Les ciels plus ensoleillés reviennent lorsque la trajectoire quitte les montagnes et atteint Marib, où la sécheresse du désert arabique commence à se faire sentir.

Le plus grand problème pour les sites autrement favorables en Arabie saoudite est la poussière, car la région est prise en sandwich entre le désert d’Arabie d’un côté et le Sahara de l’autre. En conséquence, la plaine de Tihamah présente de loin l’AOD moyen le plus élevé le long de la trajectoire. En particulier, les régions situées au sud de Djeddah se distinguent par leurs cieux poussiéreux. Pour l’observateur d’éclipse sur la péninsule Arabique, la poussière et la couverture nuageuse resteront des préoccupations permanentes.

Au-dessus du Yémen, près de Marib, où la trajectoire de l’éclipse franchit le relief montagneux, la nébulosité tombe à environ 20 % en août. En Somalie, l’intérieur est protégé du golfe par les montagnes Ogo (2 400 m). Bosaso, sur la côte, a une couverture nuageuse moyenne de 50 % en août, mais celle-ci chute à moins de 20 % au sud des montagnes, où les conditions désertiques prévalent. Août est le mois le plus sec de la Corne de l’Afrique, mais les montagnes Ogo sont suffisamment élevées pour capter une partie de l’humidité de l’océan Indien et le relief élevé bénéficie chaque mois de quelques nuages convectifs.
La dernière étape de l’ombre lunaire est l’archipel des Chagos, un groupe de sept atolls de l’océan Indien, officiellement connu sous le nom de Territoire britannique de l’océan Indien. La partie nord de l’archipel se trouve sous la trajectoire de l’éclipse, mais le seul atoll habité est l’île de Diego Garcia, site d’une base militaire conjointe anglo-américaine située à 130 km au sud de la limite sud. Il s’agit d’une zone de haute sécurité et l’accès est actuellement extrêmement limité malgré l’accord récent visant à restituer l’atoll à l’île Maurice. La fraction nuageuse moyenne de Diego Garcia est nettement inférieure aux 80 % d’ensoleillement annoncés, mais elle est conforme aux précipitations mensuelles moyennes indiquées dans le tableau 3.
En Rétrospective
La couverture nuageuse pour cette éclipse est parmi les plus faibles que Jay Anderson a analysées au cours des 45 dernières années, et il est facile de l’oublier lorsque l’on examine de près les statistiques détaillées. Presque partout offrira une occasion de bonne à excellente pour observer cet événement et profiter de plus de 6 minutes de totalité. La poussière constitue une menace dans la plupart des régions, mais rarement un problème sérieux. Si vous voulez une garantie, Jay Anderson suggère l’oasis de Siwa ou l’oasis de Bahariya (Batwi), toutes deux en Égypte, qui n’ont pratiquement aucune perspective de nuages et semblent relativement à l’abri des tempêtes de sable. Benghazi en Libye semble également être un très bon site.